Littérature classique

#448 Jane Eyre de Charlote Brontë

Editions Rencontre Lausanne 377 pages 5 euros

Orpheline, Jane Eyre est recueillie à contrecœur par une tante qui la traite durement. Placée dans un orphelinat elle y reste jusqu’à l’âge de dix-huit ans. Elle devient alors institutrice dans une famille et tombe passionnément amoureuse du père de son élève. Un amour partagé, auquel elle résistera d’abord. Mais son sentiment, plus fort au tout, aura raison de ses incertitudes.

Note : 5/5

Mon avis :

J’avais lu ce livre lorsque j’étais adolescente. J’en avais gardé uns image, certaines sensations qui m’avaient profondément marquées. Aujourd’hui encore, ce livre reste un énorme coup de cœur. Pourtant, je n’ai pas retrouvé certaines émotions au fil de ma lecture. Déjà, parce que certaines scènes étaient différentes dans ma tête, d’où ma surprise au moment de cette relecture. Mais maintenant, avec mon analyse d’adulte je vois cette œuvre de manière moins romanesque. C’est d’ailleurs ce qui c’était passé lorsque j’avais relu Les Hauts de Hurle-Vent de Emily Brontë.

Ce qui m’a marqué ici, c’est le sinistre qui transpire dans chaque page, surtout dans les premiers chapitres, au moment de l’enfance terrible de Jane Eyre. Tout au long de ma lecture, j’avais le sentiment qu’il faisait toujours froid et que la lumière du soleil était absente ! La condition des enfants en pension est absolument ignoble et, sachant que le Lowood de Jane Eyre est la représentation de la pension où a été Charlotte Brontë avec ses sœurs, cela bouleverse encore plus ! Ceci-dit, on comprend vite que les enfants à cette époque était bien souvent expédiés au loin pour étudier. Pas toujours aimés, ils étaient souvent négligés et livrés à ce tierces personnes.

Mais notre héroïne s’en sort. Elle grandit et devient une jeune femme instruite qui a envie de découvrir le monde et sortir de ce pensionnat dans lequel elle a passé huit ans de sa vie, en tant qu’élève, puis, institurice. Si, lorsqu’elle arrive à Thornefield, on la sent bien plus heureuse, entourée d’affection, ce sentiment de froid ne quitte pas le lecteur. Le mystère entourant ce château gothique et sombre à souhait n’est d’ailleurs pas étranger à ce malaise sous-jacent.

L’écriture de Charlotte Brontë est fluide. Ses personnages très attachants et il est intéressant de voir comment la vie à cette époque était articulée autour de la religion. Tout la vie de Jane, que ce soit son caractère ou son attitude, est marquée par cette morale profondément encrée en elle, la poussant à faire de nombreux sacrifices.

Mais paradoxalement, on découvre une héroïne battante, qui, même enfant, n’hésite pas à tenir tête aux adultes, les mettant à mal face à leurs propres contradictions et à leurs défauts. Alors qu’à l’époque, les enfants étaient considérés comme des sous-personnes bien souvent, cela donne une idée de la force de caractère de Jane Eyre.

De même, adulte, même si elle garde une grande morale comme ligne de conduite, on observe qu’elle refreine souvent son tempérament fougueux. C’est une jeune femme qui aspire à être indépendante, à choisir sa vie et c’était totalement impensable dans cette Angleterre si rigoriste du XIX ème siècle. Entière, sûre d’elle, Jane va pourtant s’affirmer et choisir sa vie et l’homme qu’elle aimera toute sa vie, malgré toutes les difficultés.

Je ne peux m’empêcher de me demander, à la fin de ce magnifique roman, si Jane Eyre n’est pas une part importante de son auteure elle-même. Leurs deux vies ont énormément de ressemblances, permettant de douter de se poser la question. Que ce soit leurs enfances austères et douloureuses, loin de leurs familles, la religion qui les guide.

Est-ce que Charlotte Brontë, tout comme sa Jane Eyre, n’était pas toute aussi fougueuse au fond, amoureuse de sa liberté ?

12 réflexions au sujet de “#448 Jane Eyre de Charlote Brontë”

  1. Très belle chronique !
    C’est vrai que l’ambiance, bien que romanesque, n’est pas très ensoleillée ! Mais comme tu le soulignes, la condition de Jane s’améliore à chaque étape de sa vie. Au pensionnat elle trouve l’amitié, le respect d’un adulte, puis au manoir un homme qui la traite comme son égale intellectuellement parlant.
    L’une des choses que je sais autobiographique, autant pour son destin que sa personnalité est le personnage d’Helen, inspiré de la sœur de l’autrice…

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  2. J’avais beaucoup aimé ce roman et j’aimerais le relire d’ici quelques années.
    Par ailleurs, je ne sais pas si tu connais « La prisonnière des Sargasses » de Jean Rhys ? C’est un préquelle à « Jane Eyre » et qui met en lumière le personnage d’Antoinette Cosway. Je l’ai aussi beaucoup aimé, quoique l’ambiance soit très différente puisque le récit se déroule dans les Caraïbes) ^^

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